Article de Presse océan du 17 février 2020
Nous entamons aujourd’hui une série de six portraits des principales têtes de liste nantaises. En commençant par Éléonore Revel, patronne du RN en Loire-Atlantique
Éléonore Revel ne renie pas ses racines. Mon père a été l’un des premiers élus Front National au conseil régional du Nord, en 1986 », annonce-t-elle fièrement, comme d’autres brandissent leurs décorations. De fait, la numéro 5 d’une fratrie de neuf a baigné dans le chaudron de l’extrême droite depuis toute petite. Elle en a gardé des idées et des principes (ses quatre enfants fréquentent une école privée hors contrat ). Ainsi qu’une foi à toute épreuve.
« C’est une femme d’aujourd’hui. Elle sait vivre, elle aime rire », dit une amie
Pour autant, « la fillette volontaire, qui savait et faisait ce qu’elle voulait, dixit son père, a mené son existence à sa guise ces dernières années. Un premier enfant à 21 ans… et une séparation il y a quelques mois. Des études de philo abandonnées en cours de route pour, plus tard, reprendre une formation à… l’éducation sexuelle. Il y a deux ans, elle s’est même engagée dans un cursus de coach certifié en entreprise, spécialiste de la PNL, la programmation neuro-linguistique… Quant à son premier engagement fort en politique, après avoir quand même « boité » à Bordeaux pour Jean-Marie Le Pen en 2002, il se fera sur une liste divers droite. Celle de Sophie Van Gothem, aux municipales de 2014 à Nantes. Ironie de l’histoire, c’est cette liste qui, avec 5,59 %, juste derrière le FN (8,14 %), empêchera le parti de Marine Le Pen de faire son retour au conseil municipal ! « On ne m’en veut pas, visiblement », s’esclaffe-t-elle.
Son sourire et son apparente ingénuité, c’est peut-être l’arme principale de la candidate RN. C’est même sa seule qualité », tacle Alain Avello, l’ex-patron du parti en Loire-Atlantique, passé aux Patriotes : « Éléonore est très avenante. Mais elle n’est pas compétente et ce n’est pas une grande travailleuse ». Et Alain Avello de planter une dernière banderille : « Elle n’a aucun sens politique ».
Cette dernière remarque, Éléonore Revel la prendrait presque comme un compliment. « Je ne me sens pas du tout politicienne, assure en effet la candidate. Je suis une femme ordinaire, une citoyenne, une Nantaise qui vit normalement au quotidien Une femme de 38 ans qui jongle entre sa vie de mère de famille nombreuse, son travail au groupe RN à la Région et son engagement politique.
C’est une femme d’aujourd’hui », résume Pascale Rouanne, l’une de ses amis : « Elle sait vivre, elle aime rire.
Et c’est vrai qu’Éléonore Revel détonne un peu au parti de Marine Le Pen. Un peu seulement. Elle ne vous plantera jamais un couteau dans le dos. C’est rare en politique », note son collègue à la Région, Jean-Patrick Fillet. Mais son monde, c’est la Fraternité Saint-Pie X et la Manif pour tous. C’est sa foi qui détermine ses engagements politiques », assure Alain Avello. Pff… Les gens qui n’y connaissent rien confondent la Fraternité Saint-Pierre, qui n’a pas rompu avec Rome, avec la Fraternité Saint-Pie X, soupire Éléonore Revel qui, si elle réfute le terme « catho traditionaliste », ne nie pas assister parfois à la messe en latin à la paroisse Saint-Clément.
Oriane Borja, ancienne militante FN, sort la sulfateuse : Éléonore Revel s’invente une biographie. Mais c’est la représentante des libéraux conservateurs du RN, les traditionalistes qui font le gros dos en attendant l’avènement de Marion Maréchal-Le Pen ».
«Rolland a fait des choses bien»
Éléonore Revel n’est toutefois pas langue de bois lorsqu’elle évoque les scissions au sein du RN, les difficultés à boucler sa liste ou à financer sa campagne . Elle fait la bise à Valérie Oppelt (LREM) parce que « je la connaissais avant ». Appelle la candidate EELV Julie car je ne sais pas prononcer son nom ». Et reconnaît que « Johanna Rolland a fait des choses bien. On ne peut pas dire que Nantes n’est pas une ville attractive, pas agréable à vivre. Mais elle n’a pas tout réussi, loin de là !
Éléonore Revel, c’est « une main de fer dans un gant de velours », mais pas dans le sens péjoratif de l’expression », résume Brigitte Nédélec, élue RN au conseil régional. Une image que valide Hugues Revel : « Ça lui va bien, oui ». Elle est courageuse et tenace. Elle est gentille mais ne se laisse pas marcher sur les pieds, confirme Jean-Patrick Fillet.
Pour sa campagne, Éléonore Revel assure pouvoir compter sur un noyau dur d’une soixantaine de militants. Le député européen RN Jordan Bardella et Andréa Kotarac, ancien LFI passé au RN, sont attendus pour animer deux réunions publiques. Mais « je ne sais pas encore où ni quand ». Peu importe, car Éléonore Revel n’a aucun doute : On va faire plus que 8 % ». Elle le sait bien : il n’y a que la foi qui sauve.
Pierre-Marie Hériaud