Article de Ouest-France du 14 juin 2022
Sous les radars, dimanche soir, une petite « victoire » est passée inaperçue en Loire-Atlantique ; celle du Rassemblement national (RN), qui s’implante dans ce département qui se refuse à lui depuis toujours.
Le parti a presque doublé ses voix en Loire-Atlantique, gagnant, par rapport à 2017, environ 27 000 bulletins supplémentaires à ses couleurs, malgré une abstention en hausse.
Hier, Gauthier Bouchet, responsable départemental, restait mesuré, sans cacher sa satisfaction. « C’est correct, même si nous ne sommes pas qualifiés aux seconds tours. Mais nous devenons, en doublant quasiment nos voix, la troisième force politique de la Loire-Atlantique. Nos candidats s’enracinent. »
Il prend son propre exemple, à Donges, près de Saint-Nazaire, pas franchement un petit bourg de campagne avec ses 5 390 inscriits : il y recueille 27 % des suffrages. « Cela fait trois élections que nous nous y classons premiers ou deuxièmes. Nos bons résultats ne peuvent plus être vus comme des feux de paille. »
Dans le Pays de Retz, le RN pèse désormais 17 % (contre 10 % en 2017).
Dans la septième circonscription (La Baule-Guérande), le RN flirte avec les 16 %, contre un peu plus de 8 % en 2017.
Frustré d’y avoir laissé 5 % des voix au candidat de Reconquête, autre parti d’extrême droite ? « Des points nous échappent, oui. Mais je ne crois pas que les électorats puissent s’additionner, ils ne sont pas totalement poreux. Il y a chez Reconquête des électeurs tentés par la droite ou par Emmanuel Macron. »
Alors quelle marge de progression pour le RN en Loire-Atlantique, où le parti reste, malgré sa progression, très en deçà de ses scores nationaux ? C’est vers Nantes, bien sûr, que se tourne le regard de Gauthier Bouchet. Le RN y reste cantonné à un score à un chiffre. A ses yeux, les quartiers les plus touchés par l’insécurité sont aussi ceux qui se « surabstiennent », et qu’il faut donc mobiliser.
A contrario, il considère que la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (NUPES) otient ses meilleurs résultats auprès d’une « classe moyenne » ou supérieure, « gentrifiée » qui « se surmobilise » pour « défendre ses intérêts ». « Nous avons toujours parlé aux classes populaires. », explique Gauthier Bouchet : « Nous devons aussi parler à ces classes moyennes, par l’angle du coût de l’énergie, par exemple… »
Thomas Heng