Contribution du Rassemblement national (RN) à la table ronde du centre hospitalier d’Ancenis

Le problème de la santé doit être traité dans sa globalité, en s’intéressant au public comme au privé, à l’hôpital comme à la médecine libérale. Ces vecteurs sont intimement liés et interdépendants. Simple exemple : la carence de médecine de ville provoque un afflux aux urgences, non justifié. Défendre le service public de santé en Loire-Atlantique ne se fera qu’au prix de cette considération du problème dans son ampleur.

Prendre le problème à la racine : les causes, et non les conséquences

Vouloir remédier à l’état de faillite de notre système de soins, en s’attaquant aux conséquences plutôt qu’aux causes, comme le font les forces de gauche, est une erreur. Cela produirait plus de contraintes administratives.

L’exemple de la liste NUPES aux élections sénatoriales en Loire-Atlantique est éclairant sur ce point – et les biais des gauches sur les questions de santé – puisqu’elle prétendait nécessaire de faire plus dépenses par la création d’un corps de médecins d’État. Il n’existait en la matière qu’une intention. Quid du nombre de ces médecins d’État ? Comment devaient-ils être organisés ? Cela n’était pas précisé.

Cette vision NUPES des choses révèle une pensée profondément étatiste, jusqu’au sujet de la santé. Une telle idéologie de la fonctionnarisation de la médecine revient à supprimer à terme la médecine libérale : le médecin de famille. À cet étatisme sanitaire, qui n’associe pas les professionnels de santé, nous préférons l’État stratège et aménageur ; un État qui pilote les grandes politiques publiques de santé et promeut une offre médicale équilibrée entre zones urbaines et zones rurales.

Réorganiser le secteur de la santé, réorienter ses moyens

Le secteur de la santé a besoin d’une réorganisation et d’une réorientation de ses moyens, afin d’être attractif et d’être à la hauteur des attentes légitimes tant des patients que du personnel soignant.

Le Rassemblement national (RN) veut desserrer l’étau bureaucratique dans le secteur de la santé et lever le carcan administratif mis en place par les agences régionales de santé (ARS), qui seront supprimées. Il faut par ailleurs mettre en place une gouvernance bicéphale des hôpitaux, avec un directeur administratif et un médecin pour les questions techniques. Afin de réaffirmer l’autorité de l’État, la tutelle des hôpitaux doit être confiée aux préfets de régions à travers la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales (DRASS) qui fixera les objectifs par un contrat avec la direction de l’hôpital.

De même, il est nécessaire de diminuer les dépenses excessives de bureaucratie hospitalière pour les réorienter vers le personnel soignant, en fixant un plafond de 10 % de postes administratifs. Enfin, il faut redéfinir le mode de financement de l’hôpital public, en revenant à un budget sous forme de dotation globale, afin de garantir la qualité des soins.

Pour résumer, le RN prône des économies sur la partie administrative – et pour tout dire, bureaucratique – de l’activité hospitalière. L’Hôpital doit être réorientée vers l’activité de soins.

Concernant l’attractivité du secteur de la santé, elle doit être améliorée par une augmentation de la rétribution et une amélioration des conditions de travail des soignants, que ce soit à l’Hôpital ou en médecine de ville. Il faut augmenter immédiatement de 10 % le salaire des infirmières hospitalières, celles que nous avons tant applaudies en 2020, au début de la pandémie de covid. Ceci nous amènerait tout juste à la moyenne européenne.

De même, il faut augmenter les prix des actes et de l’indemnité de déplacement (environ 2,8 euros) pour les infirmières libérales. Le prix de la consultation médicale doit également être relevé. Nous sommes les plus bas d’Europe, et le prix se situe a plus de 60 euros dans la plupart des autres pays européens. Enfin, doit être augmentée la rétribution des médecins hospitaliers, en particulier des gardes, afin de rendre attractive cette profession, et ainsi éviter de recourir d’une manière habituelle à l’intérim, qui coûte cher.

Démétropoliser l’accès à la santé, en résorbant les déserts médicaux

Concernant la problématique des déserts médicaux, qui existe y compris en Loire-Atlantique, des mesures incitatives doivent être envisagées, peut-être sur le modèle des zones franches urbaines-territoires entrepreneurs (ZFU-TE) et des zones montagne. Il faut donc penser à une minoration des cotisations sociales, la défiscalisation du revenu jusqu’à un certain niveau, une prime à l’installation, l’accès à certains actes donné aux spécialistes, la modulation du prix de la consultation selon le lieu.

Résorber les déserts médicaux est la condition indispensable pour démétropoliser l’accès à la santé en Loire-Atlantique. Dans le département, ces zones de faible densité médicale existent au cœur même des agglomérations nantaise et nazairienne. Au cœur de la ville de Saint-Nazaire, les difficultés se font sentir depuis plusieurs années pour accéder à un médecin généraliste. C’est sans parler des déserts médicaux aux marges immédiates de l’agglomération nazairienne, à Campbon et, plus encore, à Quilly, comme relevé en 2018 dans un état des lieux dressé par l’ARS des Pays de la Loire.

C’est notre philosophie pour qu’en Loire-Atlantique – y compris dans les zones urbaines les plus denses – les déserts médicaux appartiennent au passé. Toutes les autres mesures ne visent en fait qu’à gérer la faillite, en dégradant la couverture médicale de nos territoires.

Au-delà des mesures incitatives

C’est seulement une fois que ces mesures incitatives auront recréé l’ envie à un grand nombre de venir et rester dans le secteur du soin, que d’autres mesures pourrons être efficaces. Il faut, en particulier, plus de place dans les écoles d’infirmiers, les instituts de formation en soins infirmiers (IFSI).

Il est également nécessaire qu’il y ait, en France, davantage de médecins formés en France, plus de médecins choisissant la médecine générale ou les spécialités en gynécologie et pédiatrie. Cela facilitera le recrutement dans les hôpitaux, évitant ainsi des fermetures de maternités de services d’urgence, dont la situation actuelle au centre hospitalier Erdre et Loire (CHEL) d’Ancenis-Saint-Géréon est l’exacte illustration. Rappelons que 30 % des maternités qui ont fermé ces dernières années l’ont, en fait, été par manque de médecins.

En conclusion : repenser les métiers de santé, et non les contraindre par la Loi

Il faut repenser pragmatiquement les métiers de santé, en concertation, prioritairement, avec ses acteurs. Agir sur eux par des lois contraignantes ne ferait en revanche qu’aggraver les départs de ces professionnels, et le manque d’attractivité.

Dans les conditions actuelles, nous sommes conscients des difficultés que rencontrent les directions des hôpitaux de Loire Atlantique. Nous soutenons pleinement les efforts qu’ils mènent quotidiennement, pour maintenir les services dûs à la population.

Rendre le secteur de la santé plus attractif et rétablir la confiance dans les professionnels de la santé sont les deux clés qui permettront d’enrayer la crise actuelle. Les pouvoirs publics ont ces clés en main : à eux de s’en servir, où le RN le fera.

Gauthier Bouchet
Christelle Rioult
Bernard Tellier